dimanche 28 octobre 2012

Le trop bruyant silence ....

Jour 296



Jour 297

Jour 298
 Pourquoi remplir le vide quand rien ne vient ? Peut-être pour la même raison que le silence est insupportable pour beaucoup. Ils se croient, alors, obligés de combler ce silence trop plein de rien ou encore, trop plein de leurs propres pensées. Ce trop plein de pensées qui tape à la porte et ne demande qu'à sortir en désordre.
Jour 299

Jour 300
 Allumer la lumière quand le jour descend revient au même. Ne pas rester dans le noir. Il n'est pas seulement question d'y voir il est aussi question de ne pas laisser s'installer ces peurs enfantines qui nous rongeaient la nuit quand la porte de l'armoire baillait ou qu'il fallait sortir du lit pour activer l'interrupteur. Quel monstre pouvait bien se cacher sous notre lit ? A quoi pouvait-il bien ressembler ?
Jour 301
 Aujourd'hui il ne se cache plus sous notre lit, il habite notre tête et n'attend qu'un peu de silence pour se glisser derrière nous.....


Jour 302
Papa et maman ne sont plus là pour nous rassurer, alors on allume la lumière, on met de la musique, on allume la télé et on cherche la main rassurante ......

dimanche 21 octobre 2012

Dix mois ....

Dix mois déjà que je me suis lancé ce défi. Dix mois que jour après jour, je prends cette photo du jour. 

Jour 289
Au fur et à mesure du temps, mon sac devient plus pesant. Certains matins je le regarde comme un bidasse regarderait son paquetage avant de partir en manœuvre. Lourd, encombrant, voyant et handicapant certains mouvements.



Jour 290
 Il a beau être l'outil de mon imagination, il n'en est pas moins un obstacle à l'élégance. Cette démarche penchée sur le côté. Ce déhanché pour compenser le poids de l'appareil, cette main qui n'en finit pas d'avoir mal à force de manipulations, tout est une question de choix me direz-vous. "personne ne te force à faire ça, personne ne t'a mis une arme sur la tempe pour sortir une image par jour". C'est vrai. C'est mon choix, et je m'y tiens. Je ne m'en plains d'ailleurs pas, même si je suis contente de voir l'échéance se rapprocher. 



Jour 291
 2709 vues depuis le départ, j'étais loin de m'attendre à ça. J'ai commencé ce défi comme une auto-analyse, un dépassement de soi et je prends finalement beaucoup de plaisir, malgré tout, à vous raconter mes histoires. Même si les images sont parfois, voire souvent faiblardes. Elles ne représentent pas forcément ma journée mais juste un moment dans ma journée.


Jour 292


Pendant tout ce temps, j'ai évolué, et je me rends compte en parcourant mes images des innombrables moments vécus en un peu moins d'un an. Rien de tel qu'un amas de photos pour prouver que l'existence n'est que ce que l'on en fait.


Jour 293



Il faut lever le nez, regarder ..... vraiment. Pas uniquement jeter un coup d'oeil distrait et retourner à ses occupations. Non. Il s'agit de voir derrière ce que l'on regarde. Anticiper, analyser ou attendre le bon moment. Il ne vient pas toujours, il ne faut rien forcer. Si ce n'est pas cette image, alors ce sera une autre. 



Jour 294
 Quand elle vient, il faut savoir la saisir. Il m'est arrivé de la cueillir en sortant du métro cinq minutes avant de travailler. Il n'y a pas d'heure, pas de lieu .... elle est, c'est tout.

Jour 295

Les routes qu'on suit ne sont que nos choix, le reflet de notre personnalité.  Elles sont parfois surprenantes et donnent à nos vies un virage inattendu. On pardonne là où d'autres auraient lapidé. On hait là où on aurait pu ignorer. Le tout c'est de vivre comme on le choisi et pas comme les autres l'ont choisi. Autant que faire se peut.

dimanche 14 octobre 2012

Le voyage

Jour 282
 Pendant que Baumgartner franchit le mur du son je me hâte de rentrer chez moi. Le train me ramène d'un voyage intérieur surprenant.
Jour 283
 Un voyage fait d'impressions, de sens et de goûts.
Jour 284
 Les jours raccourcissent à vue d'oeil. Le drame théâtral nocturne se joue de plus en plus tôt.
Jour 285
 Le froid force les gens à se terrer dans les galeries et les sous-sols. Là où il fait bon, là où il fait chaud. On cherche le réconfort autour d'un verre. On cherche un regard, on rend un sourire.
Jour 286
 Le vol du Bourdon emplit les souterrains et Paris devient le théâtre des Abeilles. Le temps de quelques accords au violon.
Jour 287
 J'ai vu un homme attendre une femme avec l'impatience de l'enfant.
J'ai vu un homme renaître après des années d'absurdité.
Jour 288
Et moi, pendant que Baumgartner redescend sur terre, je me fais un café pour savourer ce parfum de grain brûlé. Je reviens d'un voyage à travers la pluie, le froid et le vent.
J'en reviens avec les joies d'un enfant.

dimanche 7 octobre 2012

Un souvenir pour plus tard

Jour 275
 Quand je finis une photo je suis à bout de souffle. J'arrête de respirer. Tout est concentré dans l'index, les deux pieds fixés au sol. Il y a de l'urgence là-dedans. Celle de bien faire, celle de déclencher vite parce que je sais que le moment est éphémère. Et puis, si je ne me dépêche pas, soit je rate cette photo soit je fais une syncope.
 

Jour 276
 La photo c'est une autre respiration. Elle n'a pas besoin d'air, elle marche aux sentiments, elle marche aux coups de vie. Elle est mon outil autant que je suis sa servante. Elle m'en fait baver tous les jours et me rappelle vite qui je suis. Mieux qu'un psy elle sait me montrer mes failles et me faire passer le cap.
 
Jour 277
 Cette urgence à fixer des moments comme pour capturer les souvenirs le jour où je n'en aurai plus. La mémoire, ça fout le camp dans la famille, alors il faut y mettre les mots et les images .... pour plus tard. Mon grand-père est mort sénile (on était seulement à quelques mois d'appeler ça Alzheimer). Mon père vieillit et un jour je serai la seule à me souvenir de ce qu'il m'a raconté de sa jeunesse, de sa vie en Algérie, de son mariage bancale et de tout le reste.
 

Jour 278
 Mes images sont ma mémoire, ma transmission. A qui ? Aucune idée, chacun prendra ce qu'il veut.
 

Jour 279


Jour 280
  
C'est sans doute pour ça qu'il y au autant de portraits dans mes images. Quand je serai vieille je passerai peut être mon temps à me dire : "mais qui ça peut bien être ??!!" Je fouille les visages à la recherche de sentiments, d'émotions comme d'autres cherchent l'origine du big-bang. Ca m'intrigue ces gens qui sourient avec la bouche bien plus qu'avec les yeux. Ce qu'il se passe dans leur tête au moment où je déclenche .... D'autres se demanderaient si je ne cherche pas leur âme finalement ... qui sait. Comme je l'ai déjà écrit, je suis athée, alors pour l'âme .... Je veux juste être là au bon moment, sans être vue finalement.

Jour 281